Chancy

La Réforme a bénéficié à Chancy

Fière de son passé et confiante dans son avenir, telle se présente aujourd’hui la commune de Chancy !

L’actuel site officiel de la commune le mentionne clairement : La Réforme a bénéficié à Chancy. On peut ajouter que pour sa part, Chancy n’est pas restée à la traîne.

En effet, 1536 est non seulement une année décisive pour Genève dont le Conseil Général adopte la Réforme à l’unanimité (voir Maison Mallet) mais aussi pour Chancy, enclavée comme d’autres, dans les terres savoyardes opposées aux idées nouvelles, et convoitée en raison de sa position stratégique liée au trafic allant d’une rive à l’autre du Rhône.  

Alors que les autorités genevoises demandent aux curés des paroisses rurales de se rallier à la Réforme, celui de Chancy, Armand Béchet, se convertit d’emblée, tout comme celui de Céligny (voir Céligny). Béchet devient donc le premier d’une lignée de pasteurs, parfois venus de France après leur conversion, comme Simon Goulart (très rapidement appelé à poursuivre son ministère à Genève) et Jean Arnaud, souvent éminents prédicateurs, qui exercent leur ministère à Chancy et dans les villages alentour malgré les multiples remous politiques.

Au début du XVIIème siècle, les tensions économico-religieuses perdurent dans la région: la Savoie est mise en échec par Genève lors de l’Escalade, (voir Rue de la Monnaie) mais contrôle toujours la plus grande partie de la région. De son côté, Genève veut garder la souveraineté exclusive sur trois « ponts » sur le Rhône: Chancy, Avully et Aire-la-Ville. Jacob Anjorrant et François de Chapeaurouge s’en vont donc à Paris plaider la cause de Genève auprès d’Henri IV qui, après de longues et difficiles négociations, signe les patentes par lesquelles il octroie à Genève la souveraineté qu’elle revendique.

Plus tard, en choisissant de mettre à l’honneur, sur ses armoiries, les armes de la famille Anjorrant, venue du Berry à Genève au milieu du XVIème siècle, la commune de Chancy a rendu hommage tant à la Genève d’alors qu’à ses émissaires auprès du roi de France, illustrant ainsi sa fidélité à son passé.

DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE

Le Refuge en Champagne genevoise

Créée peu après l’adoption de la Réforme par le peuple de Genève (1536), la paroisse de Chancy englobe alors Avully, Cartigny et Laconnex puis comprend ultérieurement la desserte de plus d’une douzaine de villages et hameaux passés aussi à la Réforme :  Laconnex, Avusy, Sèzegnin et Malagny, Valleiry et Chênex.

La fin du XVIe s. est marquée par les luttes incessantes entre Genève et la Savoie. Les habitants de Chancy, comme ceux des villages voisins, vivent dans l’insécurité.

… Lorsque les frontières ne sont pas gardées efficacement, les Huguenots, qui ont l’interdiction de quitter le Royaume, circulent sans encombre sur les « grands chemins ». Mais périodiquement, des dispositions de grande rigueur sont prises ; près de Genève, le gouverneur du Fort de l’Ecluse exerce un contrôle strict du passage. Pour éviter d’être arrêtés, emprisonnés ou condamnés aux galères à perpétuité, les fugitifs en route pour Genève choisissent de passer par Chancy.

Considéré comme un bastion avancé de la République et de la Réforme, Chancy contrôle le passage du trafic sur les voies qui mènent à Lyon, la Bresse et la Bourgogne. C’est un port sur le Rhône avec un pont en bois, démoli en 1589 pour empêcher le passage des troupes savoyardes ennemies, puis remplacé par un grand bac pouvant transporter des charrettes chargées et se déplaçant le long d’un câble (la traille) tendu entre deux mâts. C’est par ce passage que beaucoup de réfugiés huguenots trouvent asile en Champagne genevoise, notamment suite à la Révocation de l’Edit de Nantes, avant de continuer leur chemin en direction de Genève.

Quand le vin pour la communion vint à manquer…

Au cours du XVIème siècle le village de Chancy a maintes fois été incendié et pillé. En 1595, la misère y régnait au point que le pasteur avertit Genève qu’il n’y restait plus assez de vin pour la communion ! Ce qui n’a d’ailleurs pas empêché les autorités religieuses de trouver, quelques années plus tard, qu’on y buvait trop : dans un message daté de 1605, le Consistoire (autorité religieuse de Genève) signale « qu’il s’y commet à Chancy plusieurs débauches. Malgré le commandement de la Seigneurie, il y a plusieurs cabarets et même un jeu de quilles” !

Tout ceci explique peut-être la mystérieuse devise figurant sur la cloche de l’église : « Si Dieu est avec nous, qui est contre ? »

Ou alors, le fondeur de cloches, qui sait, avait peut-être un peu trop joué aux quilles !

Mais ça, on ne le saura jamais…

L’accueil en Champagne pendant la dernière guerre mondiale (1939-1945)

La plupart des Genevois se sont sentis très concernés par le sort de leurs voisins français. Beaucoup d’entre d’eux avaient et ont gardé des liens familiaux, amicaux, ou des biens en Savoie, ainsi que dans le pays de Gex. En effet, Genève a une frontière commune de 105 kilomètres avec la France, comportant à cette époque de nombreux passages clandestins.

Tout au long de ces années de guerre et dans la mesure de leurs possibilités, les Genevois manifestent leur solidarité et leur aide envers leurs malheureux voisins, parents et amis. C’est tout particulièrement le cas pour les habitants de la Champagne genevoise qui possèdent, avec Chancy, la commune située à l’extrême ouest de la Suisse.

C’est dans ce village qu’un vaillant grand-père, Auguste Gallay, membre chevronné de la fanfare villageoise, aime soutenir le moral des Français en leur jouant la Marseillaise le dimanche matin depuis la colline qui surmonte sa maison… ou cet habitant jovial et discret, Louis Gallay, bon nageur, qui se laisse porter par le courant du Rhône, de la rive suisse à la rive française avec un ballot de nourriture qu’il porte à ses amis français de Pougny et revient de la même façon…

En août 1944, deux mille réfugiés savoyards, fuyant l’incendie et la répression contre leurs villages, arrivent en Champagne. Comme il n’est pas possible de loger tous ces malheureux dans les familles, les trois temples, l’église catholique d’Avusy, les écoles et les locaux communaux, sont promptement aménagés pour pouvoir y séjourner et dormir sur la paille …et à Cartigny, pour la première fois depuis la Réforme, la messe dominicale est célébrée dans le temple pour réconforter les sinistrés…

N.B. Les sinistrés français ne furent pas les seuls à trouver refuge en Suisse.

Des documents officiels mentionnent que plusieurs dizaines de soldats allemands ont été sauvés grâce à un lieutenant français (sic) qui, sachant que Genève était prête à les accueillir, les a livrés à la Suisse. Au fil des années, ces événements tragiques ont laissé la place à la réconciliation et des relations privilégiées ont souvent été établies grâce à des jumelages franco-allemands.

Ces documents attestent aussi de l’arrivée d’exilés juifs par la borne no1, à Vers Vaux.

(Sources et ouvrages consultés : Le Refuge en Champagne genevoise, Claire Gilliéron 2011, extraits et divers témoignages – Archives de la commune de Chancy)

Route de Bellegarde 69, 1284 Chancy

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Liens

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