Grand Malagny

Le passé huguenot du Grand Malagny

Le Grand de Malagny est constitué au début du XVIIIe siècle par la famille Saladin dont les ancêtres étaient venus à Genève depuis la région lyonnaise lors du Premier Refuge. Jean-Louis (1701-1784) se lance d’abord dans la théologie puis dans la politique et la diplomatie ; toutefois l’histoire a retenu surtout son rôle de bâtisseur qu’il développe encore à partir du moment où il devient l’unique propriétaire d’un vaste hameau répertorié comme l’un des plus étendus de la région au XVIIIe siècle et sur lequel il fait construire son château (voir Avully).

Son fils Antoine vend la propriété quelques années plus tard à Alexandre Marcet (1770-1822), lui aussi descendant d’une famille huguenote accueillie à Genève.

Ce dernier, une fois ses études de droit et de philosophie à l’Académie terminées, part étudier la médecine à Edimbourg et ne revient à Genève que plusieurs années plus tard, après avoir travaillé dans les hôpitaux de Londres tout en collaborant aux publications de la Bibiothèque britannique (voir Château de Lancy). C’est alors qu’il achète le domaine du Grand Malagny qu’il réaménage avant de s’y installer en 1819 avec son épouse Jane Marcet-Haldimand (1769-1858) et leurs enfants. 

Le Grand Malagny subit plusieurs rénovations entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle au gré de ses acquéreurs successifs, avant de passer en mains d’industriels à la fin du XXe siècle.

Jane Marcet-Haldimand, devenue veuve en 1822, regagne l’Angleterre et poursuit sa vocation intellectuelle en restant en contact avec de nombreux savants européens. 

Ses connaissances sont très vastes, notamment dans les nouvelles disciplines scientifiques de l’époque, telles que l’économie politique ou la physiologie végétale, sujets de ses principales publications par exemple : Conversations on Natural Philosophy, Conversations on Chemistry, Conversations on Political Economy, ce dernier titre fut édité 16 fois et traduit en français, néerlandais, allemand et espagnol. On peut dire que Jane Marcet-Haldimand ouvre ainsi la voie à la vulgarisation scientifique.

Développement historique

Femmes Savantes au XVIIIe siècle

Si l’essor scientifique de Genève au XVIIIe siècle est connu, le rôle que les femmes y ont joué l’est moins. Or, les conditions socioculturelles dans la petite République ont incité quelques femmes, issues pour la plupart de la classe aristocratique, à poursuivre une vie intellectuelle. Cette tendance est apparue dès le XVIe siècle, comme par exemple, avec Louise Sarrasin (1551-1623) réputée pour sa connaissance des langues anciennes dès son enfance.

Le protestantisme fut un des facteurs décisifs de cette inclination pour l’accent qu’il met sur la quête du savoir, la conscience individuelle et l’autonomie morale favorisant incontestablement l’alphabétisation des femmes et l’éducation des filles. Quelques-unes prenaient la plume pour intervenir dans les débats théologiques du temps, comme Marie Huber (1695-1753).

Certes les femmes ne pouvaient pas poursuivre leur scolarité à l’illustre Académie fondée par Calvin (voir Université). Cependant, comme les pères de famille genevois se chargeaient eux-mêmes de la formation préparatoire de leurs enfants, les filles avaient parfois l’occasion d’en bénéficier, comme Albertine Necker-de Saussure (1766-1841) (voir Famille de Saussure).

Ces femmes disposaient aussi de bibliothèques et de laboratoires privés souvent mieux lotis que ceux de l’Académie, ainsi que d’un réseau international de savants protestants, hautement engagés dans l’avancement scientifique de leur pays. Quelques-unes suivaient de près les nouveaux développements de la géologie et de la botanique. De plus, à partir des années 1780, les femmes de Genève contribuèrent au succès des cours publics de science organisés par la Société des Arts, (voir Palais Eynard et Palais de l’Athénée) notamment des cours de physique du professeur Marc-Auguste Pictet (voir Observatoire de Genève) ou de botanique de l’éminent professeur Augustin-Pyramus de Candolle.

* Augustin-Pyramus de Candolle (1778-1841), dont les ancêtres, originaires de Provence, étaient venus se réfugier à Genève au XVIe siècle, est le créateur du premier Jardin botanique de Genève. 

(Sources et ouvrages consultés: Les femmes dans la mémoire de Genève du XVe au XXe siècle, collectif sous la direction d’Erica Deuber Ziegler et Natalia Tikhonov, Etat de Genève et éd. Hurter, 2005 – Dictionnaire historique de la Suisse – Archives de la Bibliothèque de Genève)

Route de Malagny 22, 1294 Genthod

En image

A découvrir également

Avully
Château de Lancy
Université
Palais Eynard et Palais de l’Athénée
Observatoire de Genève
Famille de Saussure


Liens

Bibliographie

  • Fatio, Guillaume, Le château de Malagny, illustrations Edouard Elzingre, 1924

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