Palais Wilson

Un palais pour la Société des Nations

Fière d’avoir été choisie comme siège de la Ligue des Nations en avril 1919 (voir Temple de la Fusterie) et de l’adhésion de la Suisse (dont la neutralité avait pu être préservée), Genève accueille la première Assemblée de la Société des Nations (SDN) à la salle de la Réformation, salle aujourd’hui disparue.

Les journalistes arrivent en grand nombre pour couvrir l’événement qui est vécu comme un véritable sursaut d’espérance après le traumatisme de la Grande Guerre, puisque la Société des Nations va travailler à « faire respecter le droit international, abolir la diplomatie secrète très répandue avant 1914 et résoudre les conflits par arbitrage ».

Une quarantaine de missions diplomatiques viennent alors s’installer à Genève, ville déjà connue comme siège du Comité international de la Croix-Rouge (voir CICR).

Puis Genève décide d’installer le secrétariat de l’organisation internationale dans un ancien palace au bord du lac. Celui-ci prendra le nom de Palais Wilson quelques années plus tard, lors du décès du président des Etats-Unis et prix Nobel de la Paix Woodrow Wilson, en hommage à son engagement pour la création de la Société des Nations.

Genève devient alors un symbole pour les idées généreuses et l’espoir de paix qui animent cette époque et acquiert un rayonnement particulier. D’aucuns y voient l’émergence de la future Genève Internationale ou de l’Esprit de Genève.

Notons que trois personnalités ont beaucoup œuvré en faveur de la désignation du siège de la SDN à Genève : Woodrow Wilson, président des Etats-Unis, Gustave Ador, président de la Confédération suisse, et le diplomate genevois William Emmanuel Rappard.

Développement historique

Les principaux artisans de l’installation de la Société des Nations à Genève

Le président Woodrow Wilson (1856-1924) estime que l’avenir doit s’établir sur l’espoir de paix et la neutralité qui ont miraculeusement existé en Suisse durant la guerre 14-18. De plus, la Genève de Calvin et du Refuge est pour lui un symbole fort pour ce presbytérien profondément croyant.

Gustave Ador (1845-1928), homme d’Etat libéral. Après avoir exercé des responsabilités politiques sur le plan cantonal, il est élu président de la Confédération en 1919 ; à ce titre, il déploie une intense activité diplomatique, œuvrant avec persévérance notamment pour la reconnaissance du statut particulier de la neutralité de la Suisse (voir Château de Lancy), condition de l’adhésion de celle-ci à la SDN.

Notons que Gustave Ador est le neveu par alliance de Gustave Moynier, l’un des fondateurs du Comité international de la Croix-Rouge (voir CICR) qu’il présidera durant de très nombreuses années. Fait peu commun pour les acteurs de l’humanitaire genevois de son temps, Ador n’est pas issu de familles du Refuge huguenot, mais son action est  également animée par une foi vivante. Il est aussi le fondateur de l’Agence internationale des prisonniers de guerre (voir Place de Neuve).

William Emmanuel Rappard (1883-1958), né à New-York de parents suisses, vient faire de brillantes études à l’Université de Genève. avant d’en devenir recteur à deux reprises et de s’engager notamment. Fondateur de l’Institut universitaire des hautes études internationales (voir Maison de la Paix), il était également membre du Comité international de la Croix-Rouge et secrétaire général de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge (voir CICR).

En 1937, le siège de la Société des Nations a été transféré au Palais des Nations (voir Place des Nations). Depuis 1998, le Palais Wilson abrite le siège du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH).

(Sources et ouvrages consultés : GENEVE histoire d’une vocation internationale, Joëlle Kuntz éd. Zoé 2010 – Dictionnaire historique de la SuisseArchives de la ville de Genève)

En 1999 le Conseil d’Etat de Genève honore le 80e anniversaire de la désignation de Genève comme siège de la Société des Nations

Allocution de Madame Martine Brunschwig Graf, Présidente du Conseil d’Etat de la République et Canton de Genève, extraits

La désignation de Genève comme lieu d’accueil de la SDN marque profondément le destin de notre République et Canton.

Genève décide alors d’entreprendre de grands travaux pour s’adapter à sa nouvelle mission. Ainsi, la gare Cornavin est reconstruite, le réseau suisse de télécommunications est développé afin de permettre aux membres de la Société des Nations de communiquer avec leurs gouvernements respectifs, et un champ d’aviation est construit à Cointrin reliant Genève aux capitales du monde.

L’installation de la SDN à Genève attire de nombreuses organisations gouvernementales ou non, stimule le tourisme, enrichit la vie culturelle et sociale, encourage la création de l’Institut universitaire des hautes études internationales et attire de nombreux hôtes étrangers. En 1920, 200 fonctionnaires internationaux et membres de missions permanentes travaillaient à Genève. Aujourd’hui, ils sont quelque 18.500! En s’installant sur les bords du Léman, la SDN a révélé à notre cité sa vocation internationale.

Certes, Genève était déjà le berceau de la Croix-Rouge internationale et donc du mouvement humanitaire. Mais, de 1924 à 1932, le nom de Genève devient synonyme de sécurité collective, de réconciliation entre les anciens ennemis, et de paix parmi les nations, accentuant le mythe de l’Esprit de Genève et donnant à notre ville la reconnaissance suffisante dans ce domaine pour permettre la venue du siège européen de l’Office des Nations Unies après la deuxième guerre mondiale.

Les habitants de notre région sont fiers du choix fait en 1919, ils sont aussi conscients des devoirs qui leur incombent aujourd’hui pour que la mission de Genève, premier siège européen de l’ONU, se poursuive dans la droite ligne de ce qui a été décidé il y a maintenant 80 ans.

Quai Wilson 47, 1201 Genève

En image

A découvrir également

Temple de la Fusterie
CICR
Château de Lancy
Place de Neuve
Observatoire de Genève
Maison de la Paix
Place des Nations


Liens


Bibliographie

  • David, Paul, Histoire de la Société des Nations. L’esprit de Genève : vingt ans d’efforts pour la paix, Slatkine, 2000
  • Kuntz, Joëlle, Genève : Histoire d’une vocation internationale, Zoé 2010
  • Traz, Robert de, l’Esprit de Genève – Grasset, 1929
  • Monnier, Victor, William E. Rappard : Défenseur des libertés, serviteur de son pays et de la Communauté internationale Slatkine

Les présentes informations sont communiquées sous toute réserve, au plus près des connaissances et recherches de la rédactrice. L’Association décline toute responsabilité en cas d’erreur ou omission.